Projet | Entrepreneuriat immigrant au Québec: un écosystème entrepreneurial catalyseur ou inhibiteur?

Auteurs: Luis Cisneros, Tania Saba, Éléonore Danthine, Rahma Chouchane, Jean Frantz Ricardeau Registre, Gaëlle Cachat-Rosset, Florence Guiliani, Felix Ballesteros Leiva et Rina Marchand (2021).

Portail de connaissances pour les femmes en entrepreneuriat, La base entrepreneuriale HEC Montréal, L’Institut d’entrepreneuriat Banque Nationale ⎜HEC Montréal, Réseau Mentorat, Chaire BMO en diversité et gouvernance, 50 pages

Introduction

L’entrepreneuriat chez les immigrants est un atout majeur pour l’économie québécoise au vu du taux élevé d’intention chez ces personnes, comparativement aux natifs. Cet aspect est d’autant plus présent en Amérique du Nord, où les immigrants sont des acteurs importants dans la création d’entreprise, d’emploi et de richesse.

Cependant, malgré leur désir d’entreprendre, beaucoup d’entre eux ne parviennent pas à réaliser leurs projets. Selon nos analyses, les entrepreneurs immigrants sont plus nombreux que les natifs dans les étapes d’intention et de démarches de la chaîne entrepreneuriale, et ce, indépendamment du genre.

Toutefois, ils éprouvent certaines difficultés à l’étape de création et en ce qui concerne la survie de l’entreprise. Pourtant, le passage à l’acte a tendance à être plus rapide pour les personnes immigrantes, même en période de pandémie. De ce fait, les entrepreneurs immigrants représentent une réserve puissante, mais sous-utilisée, pour le développement économique du pays.

Si on considère l’entrepreneuriat immigrant comme une réserve entrepreneuriale, on constate que les jeunes en constituent la partie la plus importante. En effet, plus de la moitié des immigrants de 18 à 34 ans ont des intentions entrepreneuriales. Ils bénéficient potentiellement d’une trajectoire entrepreneuriale plus longue et sont majoritairement des étudiants universitaires ou de jeunes diplômés connaissant le marché des affaires québécois.

Malgré cette désirabilité nettement plus élevée chez les jeunes immigrants que chez les jeunes natifs, la tendance s’inverse au moment du passage à l’acte, et le taux de propriétaires chez les jeunes immigrants demeure très faible. L’entrepreneuriat n’est pas une activité sans obstacle. Pour certaines personnes, la création ou la reprise d’une entreprise peut paraître plus simple que pour d’autres. Selon nos résultats, les motivations entrepreneuriales sont plus élevées chez les immigrants que chez les natifs; les premiers montrent un intérêt important pour la création d’entreprise.

Sur le plan de la perception de l’entrepreneuriat, il n’existe pas de différence entre les immigrants et les natifs quant à l’engagement des entrepreneurs envers la communauté et quant à leur rôle dans la prospérité et le développement économique de leur région. Cependant, l’entrepreneuriat immigrant est majoritairement concentré dans certains secteurs, comme le commerce de détail, l’hébergement et les services de restauration. Nos résultats indiquent que les entrepreneurs immigrants participent au développement de notre pays aux échelles régionale, provinciale et internationale.

Il est dès lors pertinent d’explorer les obstacles que les immigrants rencontrent au cours du processus entrepreneurial dans l’objectif de les aider à contribuer davantage à la société québécoise. Nos résultats montrent que les personnes immigrantes font face à des obstacles, notamment en ce qui concerne l’accès au financement externe et la précarisation de leur situation financière en général.

De plus, elles rencontrent certains obstacles d’inclusion attribuables à leur statut. Par conséquent, même si l’écosystème québécois semble égalitaire et inclusif grâce, entre autres, aux nombreux organismes et aides destinés aux personnes cibles, ce n’est pas le cas dans les faits. Nos résultats montrent en outre que la pandémie de COVID-19 a eu pour effet de complexifier certaines des difficultés éprouvées par les entrepreneurs immigrants.

En effet, ceux-ci ont indiqué avoir vécu une précarisation de leur situation financière due, notamment, aux difficultés d’accès aux programmes gouvernementaux. Il serait dès lors favorable de concevoir des mesures de soutien permettant d’atténuer la portée de ces obstacles.

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